Ce week-end, à Valençay, petite commune de l’Indre, les habitants ont été plongés dans le noir… pour une raison pour le moins inattendue. Dans la nuit de samedi à dimanche, environ 700 foyers ont été privés d’électricité, certains jusqu’à midi. La cause ? Un castor un peu trop zélé, qui a abattu un peuplier… directement sur une ligne électrique.
Une coupure de courant au cœur de la nuit
L’incident s’est produit peu avant 2h du matin, selon les informations relayées par La Nouvelle République. Dans un premier temps, les équipes d’Enedis ont tenté de rétablir le courant à distance, sans succès. L’origine de la panne restait floue, jusqu’à ce qu’une inspection sur le terrain révèle une scène aussi rare qu’étonnante : un arbre s’était effondré sur la ligne électrique, provoquant la coupure.
Une signature bien connue : le « taille-crayon » du castor
Le peuplier en question, situé sur une propriété privée, montrait des signes caractéristiques au niveau de sa base. Le tronc, parfaitement entaillé en forme de cône, rappelait la typique empreinte du castor européen (Castor fiber), véritable architecte de nos rivières. Les spécialistes parlent même d’une coupe en forme de taille-crayon, une méthode que l’animal utilise pour faire tomber les arbres et accéder plus facilement à leur écorce, dont il se nourrit.
Mais ce qui étonne le plus dans cette affaire, c’est la taille de l’arbre : plus de 60 centimètres de circonférence, bien au-delà des dimensions habituelles des arbres pris pour cible par les castors, qui s’attaquent en général à des troncs de 20 à 25 cm. D’après Gilles Thébault, technicien de l’environnement à l’Office français de la biodiversité (OFB), ce castor a vraisemblablement travaillé d’arrache-pied pendant plusieurs nuits.
Un rongeur protégé, mais à surveiller de près
Le castor n’est pas un inconnu dans la région. Depuis un lâcher opéré en 1974 dans la Loire, près de Blois, l’espèce a peu à peu recolonisé le bassin, remontant les affluents au fil des années. Dans l’Indre, les premières observations remontent à 1995, et aujourd’hui, bien que le nombre exact de spécimens soit difficile à établir, leur présence est bien réelle.
Espèce strictement protégée en France, le castor ne peut ni être chassé, ni être délogé. Toute atteinte volontaire à l’animal ou à son habitat est passible de lourdes sanctions, allant jusqu’à des amendes ou des peines de prison.
Cependant, des solutions existent pour éviter les incidents, notamment pour les propriétaires d’arbres situés à proximité des cours d’eau. Entourer les troncs d’un grillage métallique reste la méthode la plus simple et la plus respectueuse pour protéger ses arbres sans nuire à l’animal.
Quand la nature nous rappelle qu’elle est bien là
Cet événement, s’il a pu faire sourire ou surprendre, soulève un point essentiel : la cohabitation entre l’homme et la faune sauvage demande parfois des ajustements. Les castors, comme tant d’autres espèces autrefois menacées, reconquièrent peu à peu leur territoire naturel. Et si leur présence peut parfois poser des défis, elle est aussi le signe d’un écosystème en bonne santé.
À Valençay, la lumière est revenue, et l’histoire du castor bûcheron est déjà entrée dans les conversations locales. Une anecdote insolite, mais surtout une belle piqûre de rappel sur l’importance de préserver la biodiversité… et de penser à protéger ses arbres, surtout quand on a pour voisin un castor persévérant.