Ils ont le nez fin, très fin même. Et aujourd’hui, ce flair exceptionnel est en train de devenir un atout majeur pour la recherche, la médecine, l’agriculture et même la protection de la biodiversité. Chiens et rats s’imposent comme de véritables détectives du monde vivant, capables d’identifier des menaces bien avant l’homme ou les machines. Dernier exemple en date : des chiens dressés pour détecter l’oïdium dans les vignes, un champignon redoutable qui affecte les cépages.
Un flair au service des vignobles
Aux États-Unis, des chercheurs de l’Université du Texas se sont intéressés à une des maladies les plus contagieuses de la vigne : l’oïdium. Cette affection fongique, reconnaissable à de petites taches grises sur les feuilles, réduit fortement la production de raisins et altère la qualité des vins. Problème : ces signes visuels n’apparaissent qu’à un stade déjà avancé, quand il est souvent trop tard pour intervenir efficacement sans recourir à de fortes doses de fongicides.
Mais si l’œil humain est lent à détecter la maladie, le nez du chien, lui, capte ce que nous ne sentons pas. En effet, les feuilles infectées émettent des composés volatils bien spécifiques. Et les chiens, dont l’odorat est jusqu’à 10 000 fois plus développé que le nôtre, sont capables de les repérer dès les premières phases de contamination. L’idée : former des chiens renifleurs pour détecter précocement l’oïdium, limitant ainsi l’usage de produits chimiques et protégeant les récoltes de manière plus écologique.
Détecteurs de maladies… humaines aussi !
Ce n’est pas la première fois que les chiens se distinguent par leur nez scientifique. Des études ont prouvé leur capacité à identifier certains cancers (sein, prostate, vessie), mais aussi des maladies infectieuses comme le paludisme ou encore la maladie de Parkinson, simplement en reniflant des échantillons de sueur, d’urine ou même l’haleine des patients.
Évidemment, le flair canin ne remplace pas les analyses médicales classiques, mais il pourrait devenir un outil de dépistage rapide, non invasif et économique, notamment dans les zones où l’accès aux soins est limité.
Et les rats dans tout ça ? De véritables super-nez aussi !
Moins connus, mais tout aussi talentueux, les rats géants d’Afrique se révèlent également être d’incroyables renifleurs. Grâce à un dressage spécifique, ces rongeurs sont capables de détecter la tuberculose, en analysant des échantillons de crachats. Leur précision est telle qu’ils sont désormais intégrés à certains programmes de dépistage en Afrique.
Mais ce n’est pas tout : ces rats sont aussi utilisés pour détecter des mines antipersonnel, et tout récemment, des chercheurs ont montré qu’ils pouvaient reconnaître l’odeur de produits issus du braconnage, comme l’ivoire d’éléphant, les écailles de pangolin ou encore la corne de rhinocéros. De quoi envisager leur rôle futur dans la lutte contre le trafic illégal d’espèces sauvages.
Des animaux qui nous aident à mieux protéger le vivant
L’utilisation de l’odorat animal, que ce soit celui du chien fidèle ou du rat surprenant, ouvre de nouvelles perspectives dans la détection précoce des menaces, qu’elles soient agricoles, médicales ou environnementales. Ces animaux, souvent perçus uniquement à travers le prisme de la compagnie ou des nuisances, révèlent ici une intelligence sensorielle et une utilité insoupçonnées.
En les respectant et en valorisant leurs talents naturels, nous bâtissons des ponts entre le monde animal et nos besoins humains, dans une démarche à la fois éthique, écologique et innovante.